Article n‘inclut pas de perspectives et de voix critiques pour commenter sur l‘antisémitisme au Canada

"Étant donné qu'Israël contrôle toutes les voies d'accès aériennes, maritimes et terrestres à Gaza, l'eau, la nourriture, les médicaments et les autres produits de première nécessité sont incroyablement limités, laissant les Palestiniens déshydratés, affamés et non traités pour des blessures graves ou des maladies préexistantes. Telles sont les conditions désespérées qu'Israël a unilatéralement créées."


4 Mars, 2024

À:

Sandrine Vieira, Correspondante parlementaire, Le Devoir

Marie-Andrée Chouinard, rédactrice en chef, Le Devoir

Chères Sandrine Vieira et Marie-Andrée Chouinard,

Je vous écris pour vous demander d’apporter des corrections à l’article : « Combattre l’antisémitisme en période de division » publié le 4 mars dans Le Devoir.

Premièrement, bien que cet article soit sur la montée de l’antisémitisme au Canada, il est dommage que la voix est donné seulement à Deborah Lyons, envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.

En effet, la définition de l’antisémitisme qui est adoptée par le gouvernent du Canada est sujet à controverse étant donné qu’elle fait l’amalgame entre l’antisémitisme et l’antisionisme. Cette définition censure toute opinion qui critique l’État d’Israël pour son traitement des Palestiniens.

Il aurait été pertinent d’inclure des voix de personnes juives indépendantes dans votre article comme les voix juives indépendantes du Canada (VJI).

Dans le futur, j’espère que vous inclurez des voix critiques et indépendantes dans votre couverture médiatique de l’antisémitisme et des crimes haineux envers les Juifs.

Deuxièmement, vous écrivez :

Depuis le 7 octobre, l’armée israélienne pilonne sans répit la bande de Gaza. On compte aujourd’hui plus de 30 400 morts du côté palestinien, en majorité des civils, selon le Hamas. Rafah est aussi dans la ligne de mire du premier ministre Benjamin Nétanyahou, qui a récemment annoncé le lancement prochain d’une opération d’envergure. Selon l’ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, en grande partie déplacés, s’y entassent dans des conditions précaires.

Ce paragraphe ne donne pas un portrait exact des actions d’Israël ce qui tend à amoindrir non seulement la responsabilité d’Israël, mais la gravité de ses actions considérées, selon la Cour internationale de Justice, comme un génocide.

En effet, Israël s'est engagé dans une campagne militaire destructrice et meurtrière à Gaza. Israël a détruit près de la moitié des infrastructures de Gaza, tué 30 534 Palestiniens et blessé 71,920 Palestiniens. Les 36 hôpitaux de Gaza ont tous été visés par les attaques israéliennes, de sorte qu'aucun d'entre eux n'est pleinement opérationnel et que la plupart le sont à peine.

Étant donné qu'Israël contrôle toutes les voies d'accès aériennes, maritimes et terrestres à Gaza, l'eau, la nourriture, les médicaments et les autres produits de première nécessité sont incroyablement limités, laissant les Palestiniens déshydratés, affamés et non traités pour des blessures graves ou des maladies préexistantes. Telles sont les conditions désespérées qu'Israël a unilatéralement créées.

J’espère que vous inclurez quelques éléments de contexte dans votre article pour ne pas amoindrir la gravité de la situation à Gaza et la responsabilité d’Israël.

Aussi, alors que vous utilisez le terme « tués » pour décrire les pertes du côté israélien, vous n’utilisez pas le même langage pour le côté palestinien où vous utilisez le terme « morts ».

Cette différence de mots déshumanise les morts du côté palestinien et, encore une fois, retire la responsabilité d’Israël qui a créé les conditions entrainant leur mort.

J’espère que vous changerez la phrase suivante : « On compte aujourd’hui plus de 30 400 morts du côté palestinien, en majorité des civils, selon le Hamas » pour « Aujourd’hui, plus de 30 400 Palestiniens ont été tués par Israël, en majorité des civils, selon le Hamas » pour ne pas minimiser les morts du côté palestinien.

En guise de conclusion, j’aimerais aussi mentionner qu’il serait intéressant de voir des articles de la sorte sur l’Islamophobie et les crimes haineux envers les musulmans qui sont en hausse depuis le 7 octobre également.

J’espère que Le Devoir apportera ces changements et considèrera mes suggestions dans sa future couverture médiatique des répercussions locales de la situation à Gaza.

Cordialement,

Fatima Haidar,

Analyste des médias, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient