Merci d'avoir parlé de la doctrine Dahiya

"En tant qu'analyste des médias, je pense que Le Devoir est le seul média que j'ai vu aborder la doctrine Dahiya d'Israël et démentir les affirmations de l'armée israélienne selon lesquelles les infrastructures civiles de la bande de Gaza occupée ou du Liban sont ciblées en raison de la présence de dirigeants du Hamas ou du Hezbollah."


30 octobre, 2024

À :

Marie-Andrée Chouinard, rédactrice en chef, Le Devoir

Guy Taillefer, Journaliste, Le Devoir

Cher Monsieur Taillefer et Madame Chouinard,

Je vous écris au nom de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) pour vous remercier pour votre récent article publié dans Le Devoir le 24 octobre 2024. J'apprécie particulièrement votre mention de la doctrine Dahiya d'Israël, notamment du propos par M. Taillefer examinant « l'utilisation par Israël d'une force disproportionnée contre des populations civiles, au nom de sa sinistre doctrine Dahiya ».

En général, l’ensemble des médias Canadiens ignorent que cette tactique tire son nom du quartier de Dahiya à Beyrouth, où résident de nombreux dirigeants du Hezbollah. Au cours de l'été 2006, l'armée israélienne a ravagé cette zone, faisant près de 1000 victimes civiles, dont un tiers d'enfants, et provoquant une destruction massive d'infrastructures civiles essentielles. Le général Gadi Eisenkot, alors chef du commandement du nord d'Israël, a justifié ces actions en affirmant : « Il ne s'agit pas de villages civils, mais de bases militaires ». 

Depuis un an, Israël bombarde systématiquement les banques, les hôpitaux et les ambulances dans la bande de Gaza occupée. Il ne s'agit pas de simples dommages collatéraux, mais d'une stratégie calculée qui reflète la doctrine israélienne Dahiya.

Lorsque des populations civiles subissent des pertes et des traumatismes immenses – la perte de proches, de leurs habitations, et de services essentiels – certains peuvent interpréter les actions de résistance par des groupes militants (dans notre context actuelles le Hezbollah et Hamas) comme un facteur d'exacerbation de leurs souffrances, en particulier lorsque les ripostes attirent de nouvelles représailles militaires israéliennes.

Cette dynamique peut éroder le soutien aux mouvements de résistance et toucher le tissu social qui assure la résilience de ces populations. Donc, ces tactiques visent non seulement à affaiblir ces mouvements, mais aussi à délégitimer leur raison d'être en mettant les civils dans des situations de souffrance et de désespoir.

Cependant, il est important de reconnaître que les Palestiniens ont le « droit légal » de résister à l'occupation militaire, comme l'affirment les amendements supplémentaires à la quatrième convention de Genève dans le cadre du protocole I (1977). Cette mise à jour affirme l'application du droit aux « conflits armés dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l'occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l'exercice de leur droit à l'autodétermination », accordant une légitimité juridique au « recours aux armes par les mouvements de libération nationale ».

En tant qu'analyste des médias, je pense que Le Devoir est le seul média que j'ai vu aborder la doctrine Dahiya d'Israël et démentir les affirmations de l'armée israélienne selon lesquelles les infrastructures civiles de la bande de Gaza occupée ou du Liban sont ciblées en raison de la présence de dirigeants du Hamas ou du Hezbollah. 

Je vous remercie encore une fois d'avoir fait la lumière sur la stratégie militaire israélienne d'occupation du Sud-Liban, qui va clairement à l'encontre du droit international. Je vous remercie aussi d’avoir attiré l'attention nécessaire sur la situation des Palestiniens à Gaza.

Merci,

Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient