Correction nécessaire pour préciser qu'Israël occupe la bande de Gaza

"De ce fait, dire que Gaza n’est pas occupée n’est pas seulement faux, mais fait fi complètement des responsabilités qu'Israël a en tant que puissance occupante en droit international et dans le génocide qu’il inflige aux Palestiniens."


27 Mars, 2024

À:

Normand Lester, Journaliste, Journal de Montréal

Jules Richer, Éditeur en Chef, Journal de Montréal

Dany Doucet, Vice-président information (journaux) et rédacteur en chef, Journal de Montréal

Chers Normand Lester, Jules Richer et Dany Doucet,

Je vous écris pour vous demander d’apporter des corrections à l’article : « Guerre Hamas-Israël : Mourir à Rafah » publié le 27 mars dans le Journal de Montréal.

Vous écrivez : « Le premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahu, a répété à maintes reprises qu’il entendait, coûte que coûte, occuper Rafah, située à la frontière entre Gaza et l’Égypte. »

Vous écrivez aussi : « Il s’agit de la dernière ville de la bande de Gaza à ne pas être encore occupée par Israël. »

Cependant, la bande de Gaza, incluant Rafah, est considérée occupée en vertu du droit international, une position soutenue par d'éminentes organisations humanitaires et de défense des droits humains, dont le Comité international de la Croix-Rouge, Save the Children, Oxfam et Islamic Relief. [1]

Israël s’est simplement « désengagé » de la bande de Gaza en 2005 ce qui veut dire qu’il a évacué ses colonies illégales et en retiré ses forces militaires terrestres. Il occupe, néanmoins, toujours la bande de Gaza.

En vertu du droit international, l'occupation ne dépend pas de la présence directe de troupes terrestres sur un territoire, mais du « contrôle effectif » exercé par une puissance étrangère.

De ce fait, dire que Gaza n’est pas occupée n’est pas seulement faux, mais fait fi complètement des responsabilités qu'Israël a en tant que puissance occupante en droit international et dans le génocide qu’il inflige aux Palestiniens.

Le comité international de la Croix-Rouge (CICR) « considère que Gaza reste un territoire occupé du fait qu'Israël exerce toujours des éléments clés d'autorité sur la bande, y compris sur ses frontières (espace aérien, maritime et terrestre - à l'exception de la frontière avec l'Égypte). Même si Israël ne maintient plus une présence permanente à l'intérieur de la bande de Gaza, il continue d'être lié par certaines obligations en vertu du droit de l'occupation qui sont proportionnelles au degré de contrôle qu'il exerce sur cette bande. »

Ainsi, la situation que vous décrivez et dont la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, a qualifié de génocide n’en serait pas telle si Israël avait respecté ses obligations en tant que puissance occupante (ex. ne pas entraver l’entrée d’aide humanitaire).

Je vous suggère donc de changer les mots « occuper Rafah » et « occupée par Israël » par les mots : « envahir » et « envahie » étant donné que, tel que démontré, ce n’est pas exact d’insinuer que Gaza, incluant Rafah, ne sont pas occupées. De tels mots blanchissent les responsabilités d’Israël sous le droit international et dans son génocide à Gaza.

J’espère que le Journal de Montréal apportera ces changements et continuera de couvrir le génocide à Gaza.

Cordialement,

Fatima Haidar,

Analyste des médias, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient

[1] Canadiens pour la Justice et la paix au Moyen-Orient, « Why Gaza is "occupied" under Israeli effective control », https://www.cjpmemap.ca/why_gaza_is_occupied_under_israeli_effective_control